Yves Camille Désiré Leterme (
Wervik,
6 octobre 1960 ) est un homme politique
belge de langue
néerlandaise, membre du CD&V. Marié et père de trois enfants, il est licencié en
Droit et en
sciences politiques.
Yves Leterme est le 47e Premier ministre du Royaume de Belgique.
Biographie
Yves Leterme, né de père
francophone et de mère
néerlandophone, est né dans un environnement bilingue, même s'il a admis quelques lacunes en français. Il a commencé sa carrière de
1987 à
1989 comme auditeur auprès de la Cour des comptes.
Chrétien-démocrate, il entame sa carrière politique dans sa province de Flandre-Occidentale, avant d'être élu au Parlement fédéral en 1999. Il siège alors dans l'opposition. Son parti y reste après les élections de 2003, et Yves Leterme en prend la direction. En 2004, après la victoire aux élections régionales, il devient Ministre-président et ministre de l'Agriculture et de la Pêche de la Région flamande, menant une coalition qui regroupe aussi les socialistes, les libéraux et la Nieuw-Vlaamse alliantie, parti indépendantiste.
En juin 2007, il remporte les élections législatives fédérales. Figure emblématique en Flandre, il suscite pendant la campagne la polémique par un certain nombre d'interventions de nature communautaire à la limite du racisme et institutionnelle très critiquées en Belgique francophone.
Les élections fédérales de 2007
Le discours d'Yves Leterme séduit nombre d'électeurs et son parti, le CD&V, allié au parti indépendantiste flamand N-VA, gagne haut la main les élections, enlevant 30 sièges sur 150 à la Chambre et 9 (+5 cooptés/de communauté) sur 71 au Sénat. Yves Leterme, candidat au Sénat, a obtenu 796 521 voix de préférence.
Le 15 juillet 2007, le Roi Albert II a chargé Yves Leterme de former un gouvernement.
Le 23 août 2007, il demande au Roi d'être dessaisi de sa mission de formation du nouveau gouvernement belge, ce dernier accepte la démission.
Le 29 septembre 2007, après la mission d'Herman Van Rompuy comme explorateur et la remise de son rapport au Roi, Yves Leterme reprend la mission de formateur, secondé dans un premier temps par Herman Van Rompuy qui s'était chargé d'explorer les pistes de solution institutionnelle, noeud à l'origine de la première démission du formateur.
Le 1er décembre 2007, Yves Leterme présente sa démission au Roi de sa fonction de formateur suite au blocage des négociations. Le 21 décembre, il est nommé Vice-Premier ministre et ministre du Budget, de la Mobilité et des Réformes institutionnelles (il partage ce dernier dossier avec le francophone Didier Reynders) au sein du gouvernement Verhofstadt III, formé de manière transitoire en attendant qu'un accord de gouvernement soit trouvé entre les différents partis belges, et notamment entre francophones et néerlandophones.
Le 20 mars 2008, comme prévu, il devient le 47e Premier ministre belge et forme un gouvernement basé sur une coalition pentapartite — mais sans comprendre ses alliés indépendantistes de la NVA qui refusent de participer au gouvernement. Appelée coalition arménienne car reprenant les couleurs du drapeau arménien : l'orange (couleur de la famille chrétienne-humaniste du CD&V néerlandophone et du CDH francophone), le Bleu (couleur de la famille libérale du VLD néerlandophone et du MR francophone) et le Rouge (couleur de la famille socialiste ici uniquement représenté par le PS francophone). Cette composition vaut également à cette alliance le nom de « coalition lilas » (orange-bleu avec une nuance de rouge).
N'ayant jamais brillé par son charisme, il veut persuader les belges qu'il a véritablement « changé » reconnaissant que son « parcours n'a pas été sans erreurs ». Son séjour à l'hôpital fin janvier lors duquel il a frôlé la mort à cause d'une grave hémorragie intestinale l'aurait persuadé désormais de « faire de la politique d'une autre manière, avec plus d'équilibre, de sagesse et de calme ».
Controverses
Interview à Libération
Le
17 août 2006, lors d'une interview au quotidien français
Libération, il a déclaré, à propos des francophones vivant dans les communes à facilités :
« Mais apparemment les francophones ne sont pas en état intellectuel d'apprendre le néerlandais, d'où la prolongation de ce statut d'exception. »
Selon lui, les seules choses communes aux Belges sont « le Roi, l'équipe de foot, certaines bières... ».
Réactions
Le président du Parti Socialiste
Elio Di Rupo a estimé que ces propos étaient insultants pour les francophones de la périphérie bruxelloise et devaient probablement découler soit d'une erreur de traduction, soit d'une mauvaise utilisation de la langue française. De son côté,
Isabelle Durant, la secrétaire fédérale du parti
Ecolo estime qu'Yves Leterme « ne se distingue plus guère du
Vlaams Belang ».
Joëlle Milquet (cdH) trouve les propos vexatoires et s'étonne de la désinvolture affichée vis-à-vis du gouvernement fédéral.
Les éditorialistes de la presse francophone ont également marqué leur désapprobation alors que ceux de la presse néerlandophone se sont, en général, montrés moins indignés, certains qualifiant l'interview d'ironique. L'éditorialiste de la Gazet van Antwerpen écrit, par exemple : « Au-delà de l'ironie, les propos d'Yves Leterme contiennent beaucoup de bon sens. »
Plusieurs hommes politiques bruxellois néerlandophones se sont insurgés contre ces déclarations, dont Pascal Smet (ministre du sp.a), Guy Vanhengel (ministre VLD) et également Georges De Smul et Lieve Lippens (du CD&V comme Yves Leterme).
L'hebdomadaire culturel français Les Inrockuptibles a élu la déclaration d'Yves Leterme à propos des francophones de la périphérie bruxelloise « la phrase la plus drôle/couillonne/brillante » de la semaine du 17 août 2006.
Le 20 août 2006, durant la cinquième édition de la Garde de l'Yser à Steenstrate (manifestation organisée par des nationalistes flamands), Johan Vanslambrouck, président de l'ASBL Ijzerwake a loué les déclarations d'Yves Leterme.
Le 21 août 2006, deux citoyens francophones membres du cdH (Jean-François Thayer, candidat aux élections communales de 2006 sur la liste Cap-Woluwe, et Yvan Verougstraete, ancien conseiller communal) ont déposé une plainte sur base de la loi contre le racisme et la xénophobie dite « loi Moureaux » à son encontre auprès de la police de Woluwe-Saint-Lambert. Cette plainte est surtout symbolique puisque Yves Leterme bénéficie d'une immunité en tant que Ministre-président de la Région flamande.
Le 26 août 2006, Olivier Maingain, le président du FDF dépose une autre plainte contre Yves Leterme auprès du Parquet général. Olivier Maingain pense que quatre chefs d'inculpation possibles pourraient être retenus : incitation à la haine et à la discrimination, diffamation et calomnie, offense à la personne du Roi et aussi racisme et discrimination.
Le 28 août 2006, en réponse aux critiques des responsables francophones, Yves Leterme rétorque dans la presse néerlandophone :
« Les personnalités politiques francophones qui ne connaissent pas le néerlandais mais qui défendent un discours pro-Belgique sont absolument peu crédibles. »
Extrait (paru dans Le Soir du 14/10/2006) du livre de Filip Rogiers, Leterme au défi, Éditions Luc Pire, octobre 2006) :
« Comme j'ai de nombreux liens de parenté en Wallonie, je ne dois pas, contrairement à beaucoup de mes collègues, me faire une idée de l'autre région du pays à partir des médias. J'ai des cousins et des cousines dans le Brabant wallon et à Liège. J'ai récemment appris que j'étais un lointain parent de Jacques Brel. Les Brel habitaient Zandvoorde. (...) Une de mes cousines conduit la liste Ecolo à Mouscron. Ses parents habitent à cinq kilomètres de là, en Flandre. En France, une autre cousine a été candidate sur la liste RPR de Jacques Chirac. »
Marianne Leterme, sa cousine, s'est en effet présentée comme tête de liste Ecolo à Mouscron et considère son nom comme un avantage tout en exprimant qu'Yves Leterme ne pense pas vraiment ce qu'il dit par rapport aux francophones. Pour elle, il n'est pas séparatiste et n'a pas réellement des idées si radicales.
Cependant, les craintes suscitées par ses propos et les négociations très difficiles en vue de former le prochain gouvernement sont à l'origine d'articles et de chroniques diffusés dans les médias français annonçant la fin imminente de la Belgique (Alexandre Adler sur France Culture : « Peut-être est-ce Leterme de la Belgique »).
L'hymne national
Le
21 juillet 2007, un journaliste de la RTBF demande à Yves Leterme, alors occupé à essayer de former un gouvernement, pourquoi ce jour est la fête nationale de la Belgique. Il est incapable de répondre et ira même jusqu'à entonner
La Marseillaise lorsqu'on lui demande de chanter
La Brabançonne, hymne national de la Belgique, suscitant de nombreuses réactions parmi la classe politique belge. Le lendemain, M. Leterme dans une réponse à une interview à la télévision VTM se défendait de la manière suivante :
"Je ne veux pas réagir à ces bêtises. Je m’occupe de choses bien plus importantes. Je pense qu’ils veulent me faire du tort. Celui qui me fait du tort en subira les conséquences tôt ou tard". Ces paroles de menace dans la bouche d'un pressenti premier ministre et concernant la presse de son pays, ont été remarquées par la presse belge francophone.
La RTBF
Dans un entretien accordé aux quotidiens
Het Belang van Limburg et
Gazet van Antwerpen le
8 décembre 2007, Yves Leterme compare la RTBF à la Radio Télévision Libre des Mille Collines, radio ayant incité au
Génocide au Rwanda entre
1993 et
1994, l'accusant par ailleurs d'être une «
chaîne de propagande de Joëlle Milquet ».
Liens internes
- Coalition orange-bleue
- Gouvernement Leterme
- Liste des dirigeants actuels
Lien externe
Notes et références
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